Carpe diem ?

Carine Adolfini

 

« Carpe diem, quam minimum credula postero ».

Cette célèbre formule philosophique s’accompagne souvent de quelques malentendus et d’une mauvaise interprétation qui la transforment en invitation effrénée à la jouissance. Lorsque l’incertitude de l’avenir se fait sentir plus douloureusement, comme en ce moment, on nous dit qu’il faut saisir chaque petit plaisir que la vie nous offre, qu’il faut cueillir et savourer les douceurs sucrées de l’instant présent… et pourtant nous payons toujours d’un doute, d’une angoisse même ces petits bonheurs ramassés, pourquoi ? On sait bien en fait que ce qui se cueille fane aussitôt, on ne saisit qu’un bouquet de couleurs éteintes, la mort de l ‘instant, on ne fait qu’échouer à vouloir garder quelque chose et le sucre que l’on croyait goûter ne laisse à la gorge que la saveur amère de la frustration. Oui la vie est brève mais on peut se demander si il est vraiment bon de n’avoir que l’immédiat comme projet ?
En vérité, il n’y a pas de plus grande joie que celle de se sentir digne du bonheur, si le plaisir se ramasse, le vrai bonheur lui, n’est pas un instant taillé, il se cultive et s’enracine au terreau du temps, c’est du temps qu’on sème, le temps qu’on s’aime, il se construit peu à peu dans la durée et donne un sens aux jours qui passent en les parfumant éternellement. Ce bonheur là est unique et vaste, c’est un jardin entrouvert, à la fois libre et clos où mûrit l’amour et qui nous embaume de paix en nous libérant d’un cycle sans fin celui du besoin de consommer des plaisirs temporaires. Certes, il ne faut pas que la préoccupation de l’avenir ou les échecs passés nous empêchent de profiter du présent, mais il ne faut pas non plus que la jouissance du présent vienne épuiser l’avenir. Le bonheur est bien trop fragile pour le cueillir et le limiter au présent, laissons la sève aux heures et au bonheur ses racines qu’il puisse s’accroitre et éclore par ricochets nos lendemains ….  pour que chaque jour compte, qu’en pensez- vous ?

 

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une poésie en proie au saccage des formes qui se déchire entre volonté de créer des mondes nouveaux et attachement à la mémoire, s’auto-détruit pour se renouveler. 
L’écriture, voulant évoquer la mue poétique à travers le temps, se déplace par reptation à travers les galeries humides et closes du passé, tantôt craquelle sous le soleil coupant de la contemporanéité, peine à s’incarner et va se ressourcer aux vieilles eaux. En quête de la Mesure perdue, l’auteure s’assujettit au temps cyclique des prières et implore le retour du Verbe aux rythmes de l’Angelus sonné.

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